
La voie du geste juste : la puissance cachée de nos gestes quotidiens
Extrait de Transformation de Catherine Barry. Éditions Jouvence
« La vie est toujours une invention, mais pour inventer, il faut se laisser inspirer. Inventer demande d’accepter l’aventure et l’inconnu. On ne peut pas savoir à l’avance ce qui va se passer. François Roustang
Le langage des gestes
J’ai appris très tôt, enfant, à être vigilante au langage des gestes esquissés pour soi-même ou extériorisés dans nos rapports aux autres. Le corps est geste de la tête aux pieds. Ses mouvements, ses formes, son énergie, ses mimiques, ses positions, tout en lui raconte les joies, les souffrances qui le parcourent. Les gestes sont les messagers de nos états d’âme. Ils expriment la manière dont nous ressentons, percevons, résistons ou acceptons, nos relations avec les autres, nos environnements. Quand nous sommes désaccordés, ils disent nos appréhensions, nos replis, notre méfiance, notre angoisse, notre stress. Y être attentif permet d’instaurer un dialogue fructueux, sensible, avec le corps, et de s’appuyer sur eux pour travailler sur les métaphores qui représentent leurs maladresses, leurs fonctionnements gauches et décalés, les peurs associées….

Dans nos pays de tradition judéo-chrétienne, la bible regorge notamment de modèles, de guides, de héros, aux pouvoirs singuliers. Le geste insensé, inspiré, désespéré, hors norme, fait par exemple par Moïse pour ouvrir un passage dans la mer Rouge, et sauver son peuple d’une mort certaine, est, pour moi, l’un d’entre eux. Il incarne, sur un plan métaphorique et thérapeutique, la puissance de tous les possibles, qui sont en nous. Dans la contraction du temps et de l’espace du récit, tout se joue pour Moïse et son peuple, en un éclair. Le prophète se positionne d’instinct au-delà de la raison, de la pensée, de la volonté et de l’émotion, et se laisse emporter par la force du vivant en lui. Il oublie sa personnalité, renonce à ses peurs, fait fi des conventions et de ses croyances pour se poser naturellement au cœur de son humanité. Ses sens synchronisés avec les éléments qui l’entourent induisent « mécaniquement » le geste qui ouvre le chenal dans la mer. Les obstacles se lèvent. D’infranchissable, la mer Rouge devient la possibilité pour Moïse et les siens, d’accéder au changement, de passer de la captivité, de la prison, des tortures, des privations, des humiliations, de l’exil, de l’esclavage, à la liberté d’être ce qu’ils sont, tels qu’ils le sont. Moïse est un passeur de vie. Nous le sommes tous mais nous l’ignorons tant que nous demeurons claquemurés entre passé et futur, dans nos peurs, nos émotions, nos pensées, nos envies, nos espoirs…
Si vous revisitez avec bienveillance votre histoire, vous retrouverez facilement, sans nul doute , comment certains gestes ont impacté durablement votre mémoire et vos actions. Laissez-vous habiter, mouvoir, par leur énergie et leur puissance créatrice pour redynamiser votre quotidien. Soyez attentif à vos gestes, aussi banals qu’ils soient. Ils sont vos porte-parole. Écoutez-les et agissez de manière à être de plus en plus confortables dans vos vies.
Belle route




