On ne présente plus Matthieu Ricard. J’ai la chance de le connaître depuis une 30 aine d’années et de pouvoir suivre au fil des ans, ses projets, ses actions humanitaires et de découvrir ses livres, avec une joie sans cesse renouvelée. Lorsque Matthieu est parti rejoindre son maître, Kangyour Rinpoché dans l’Himalaya, il partait apprendre auprès de ce St François d’Assise du pays des neiges, comment découvrir cette paix du coeur et de l’esprit que Kangyour Rinpoché incarnait avec une simplicité et une évidence confondantes. 50 ans plus tard ( voir sa biographie : carnet d’un moine errant) Matthieu, bien qu’il s’en défende, est devenu à son tour un sage humble et bienveillant qui nous éclaire et nous guide dans nos quotidiens.
Le dernier album de Matthieu Ricard, une invitation à la paix intérieure
Dans ce dernier album édité chez la Martinière « Matthieu Ricard, Un voyage immobile, L’Himalaya vu d’un ermitage », Matthieu partage avec nous, un peu de la retraite qu’il a effectué pendant un an, dans l’ermitage de Pema Ösel, sur les hauteurs de Katmandou.
Les voyages immobiles qu’il nous propose de faire avec lui, imprègnent page après page, nos sens et nos cœurs si intensément que nous avons la sensation de les vivre vraiment. C’est du moins l’expérience que m’a offert ce magnifique ouvrage qui raconte, en photos et citations, le cœur de la vie et de la pratique, d’un méditant-ermite. L’incroyable sérénité, force, tendresse, qui se dégage de chaque tableau, car il s’agit véritablement de peintures, nous emporte intérieurement de page en page. On y découvre la puissance de l’esprit qui, en méditant, expérimente la douceur de vivre la puissance de l’interdépendance, en action. Les éclats joyeux du soleil et de la neige qui illuminent soudain notre quotidien. Les nuages posés délicatement entre les mondes des dieux et la terre des hommes, qui nous invitent à la transcendance, et à nous sentir vivants et sereins. Dans cette période si déstabilisante, cet album de photos est une invitation à la paix intérieure.
Mais qu’en dit Matthieu Ricard?
« De la terrasse de mon ermitage, j’embrasse le cercle presque parfait de l’horizon. Dominant l’échelonnement des contreforts, la majestueuse chaîne himalayenne se déploie sur plus de deux cents kilomètres…. L’immensité et la beauté sans cesse changeante de ce paysage sublime imprègnent l’être comme un élixir. Le silence est si parfait que l’on entend les voix des paysans à plus d’un kilomètre ainsi que le crépitement sourd du front de pluie qui se rapproche et augmente lentement en intensité avant de nous atteindre. Au petit matin, sans même sortir de l’ermitage, on sait à l’ouïe qu’une compagnie de pies bleues à longue queue est de passage dans la forêt en contrebas. …. Haut dans le ciel, un couple d’aigles royaux s’appelle par des cris aigus. Événement bien plus rare, un tigre est récemment passé au crépuscule dans un champ situé à une centaine de mètres de mon ermitage. La nuit, lorsque les cigales se sont tues, on n’entend plus que le bruissement du sang qui circule dans nos oreilles. On comprend qu’une telle situation favorise l’épanouissement de la méditation et de l’observation des pensées qui surgissent de nulle part et se dissolvent comme le son d’une cloche qui s’estompe. Pour quelques mois ou quelques années, parfois pour le reste de son existence, l’ermite s’éloigne des activités ordinaires, de la vie de famille et du contact avec la société. Dans quel but ? En dehors de la manne spirituelle qu’il en tire, en quoi peut-il contribuer au bien de la société humaine ? Pour répondre à ces interrogations, il convient de considérer la motivation de l’ermite. Le déclic initial est généralement provoqué par un sentiment de lassitude et d’insatisfaction à l’égard des préoccupations ordinaires de la vie quotidienne : le gain et la perte, le plaisir et le déplaisir, la louange et la critique. Il ne s’agit pas pour l’ermite de renoncer à tout ce qui est bon, mais aux causes de la souffrance qui sont enfouies dans son propre esprit : l’agressivité, la confusion, l’avidité, l’arrogance et la jalousie. Lorsque l’on se rend compte que les activités de la vie se sont succédé, et qu’elles continueront de se succéder comme des vagues sur l’océan sans pour autant engendrer un sentiment durable de plénitude ni donner un sens à son existence, vient un temps où l’on aspire à prendre quelque distance et de faire le point et d’élucider les mécanismes du bonheur et de la souffrance…. »
Découvrez le reste de ce merveilleux texte dans l’album de photos de Matthieu.
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Tous les droits sont reversés à l’ONG Karuna Setchen
( Matthieu Ricard consacre l’intégralité de ses droits d’auteurs à des projets humanitaires au Tibet, au Népal et en Inde.)