Dans ce programme en date de février 2000, le vénérable Dagpo Rinpoché explique de manière extrêmement pédagogique, ce qu’est le tantrisme, et plus particulièrement ce que sont les tantras dans le bouddhisme tibétain. Depuis quelques années, il existe une mode autour du tantrisme en occident, mais il faut savoir que la forme de tantrisme dont on parle dans certains journaux ou dans certains cercles de développement personnel concerne en fait l’art de l’amour tel qu’il était enseigné autrefois en Inde, un art qui n’a rien à voir bien entendu avec le sujet que nous allons aborder avec Dagpo Rinpotché.
Pour mémoire, le vénérable Dagpo Rinpotché fut reconnu à l’âge d’un an comme étant la réincarnation d’un très grand maître tibétain. Il reçut en conséquence, une formation très poussée pendant plusieurs années dans les plus grands monastères au Tibet. Le vénérable Dagpo Rinpoché fut le premier lama tibétain à venir en France en 1960. Il est le fondateur de la congrégation bouddhiste Ganden Ling et de l’Institut Guépelé, à Veneux-les-Sablons.
Extraits : Le tantrisme du vajrayana est une voie qui demande beaucoup de courage, ce n’est pas une voie facile, quelles sont les principales méthodes qui caractérisent cette voie?
Dagpo Rimpotché – Losque l’on pratique selon le véhicule des perfections, on va donc travailler sur les qualités qui sont considérées comme les causes de l’éveil complet d’un bouddha : la générosité, l’éthique ou encore la patience, l’enthousiasme, la concentration et la sagesse. Par rapport à cela dans les tantras, on va bien entendu s’efforcer de cultiver les mêmes qualités, mais en prenant en compte les résultats que l’on veut en tirer. Ainsi on va commencer par visualiser par exemple la déité, le bouddha, que l’on veut devenir. On va également se représenter la terre pure, c’est à dire la sphère d’existence qui serait alors son univers et c’est en se fondant sur les résultats que l’on veut obtenir au travers de la pratique que l’on va mener l’application des tantras, ce que l’on ne peut pas faire dans la voie des sutras.
Vous parliez de déité. Comment définir les déités ?
Dagpo Rimpotché – Dans la pratique des tantras, si l’on fait porter les méditations sur les déités, c’est en tant que méthode. On commence par faire se manifester en soi, la compréhension du non-soi, ou encore la compréhension de la vacuité et il faut alors penser que c’est la compréhension que l’on a de la vacuité qui prend la forme de la déité… et cela va permettre de renforcer notablement toutes les méditations que l’on peut faire à partir de là. On peut se représenter les déités de manières très diverses. On va par exemple imaginer des déités paisibles lorsque l’on veut prendre en référence et cultiver en soi des qualités qui relèvent de la méthode, donc des qualités d’amour et de compassion. On va faire appel à des déités d’aspect courroucé pour représenter le combat à mener contre les défauts, contre les imperfections, contre les passions, contre les facteurs perturbateurs. Enfin, il est vrai que l’on va également se représenter des déités enlacées, étant entendu que c’est pour représenter l’union, qui est indispensable, entre l’aspect méthode et l’aspect sagesse.
Les visualisations et les mantras des déités sont donnés au cours de certaines initiations. Il est recommandé de ne pas les utiliser n’importe comment…
Dagpo Rimpotché – bien sûr, si l’on veut réciter des mantras sans en avoir reçu la transmission, sans doute que cela ne pourrait pas nuire, mais on ne pourrait pas en tirer tant de résultats que cela. En revanche, pour ce qui est des méditations des déités, c’est vrai qu’il est indispensable d’en avoir obtenu l’autorisation au travers d’une initiation.D’une manière générale, dans le bouddhisme, on considère toujours comme indispensable de s’en remettre à un guide, à un maître spirituel et c’est encore plus vrai dans la pratique des tantras.
« Ne nourrissez pas d’espoirs de réalisation mais pratiquez toute votre vie ! Milarepa »
Que votre route soit auspicieuse