Psychiatre depuis 1992, à l’Hôpital Sainte Anne, à Paris, Christophe André a révolutionné l’approche thérapeutique des patients blessés par la vie et leur enfance. On lui doit par exemple d’avoir introduit, avec succès, au sein du Service hospitalo-universitaire de Santé mentale et de Thérapeutique où il travaille, une méthode venue des Etats-Unis, la MBCT, basée sur la pratique de la méditation de la Pleine Conscience, qui permet de prévenir certains troubles anxieux et dépressifs et, rechutes dépressives. Une initiative décriée à l’époque par une grande partie de ses pairs dont beaucoup, n’hésitent plus désormais à le suivre sur les nouveaux chemins de la connaissance de soi qu’il propose. Devenu en une dizaine d’années, l’un des chefs de file des Thérapies comportementales et cognitives en France, ses livres, toujours des best-sellers, prouvent, s’il en était encore besoin, que ses lecteurs se sentent profondément compris par ce médecin à l’évidente empathie pour ceux qui souffrent ! Une démarche d’aide qu’il poursuit dans son dernier ouvrage : « Et n’oublie pas d’être heureux » publié aux éditions Odile Jacob*. Un livre dont la lecture savoureuse, réjouissante, amusante, émouvante aussi parfois, vous rendra, très certainement, heureux.
Votre dernier ouvrage s’intitule: « Et n’oublie pas d’être heureux »….. Comment peut-on oublier d’être heureux ?
Aussi étonnant que cela puisse paraître, on oublie, parfois, qu’il faut faire des efforts pour être heureux. On attend que le bonheur tombe du ciel, sans rien faire pour cela. Dans ce livre, je montre comment, transformer cette attitude, passive, et inviter, sciemment, le bonheur dans nos existences. En développant par exemple une plus grande attention à l’expérience du moment. En prenant conscience de la joie, de la satisfaction, que l’on ressent quand on partage un moment avec une personne aimée ou que l’on participe à un événement qui compte pour nous. En comprenant la chance que l’on a d’être en vie. En décidant de mettre en place un certains nombres d’actions en vue de s’épanouir….
« N’oublie pas » rappelle donc qu’être heureux est aussi un choix. Et, qu’il repose sur une prise de conscience qui amène à poser des actes. J’aurais pu prolonger le titre et préciser : « … de manière adaptée à tes vrais besoins ». Ce qui suppose de les connaître, de s’en occuper, de les comprendre, de les accompagner au mieux de nos possibilités, afin de ne pas laisser les circonstances et la société de consommation, décider pour nous, de ce que doit être notre bonheur.
Cette démarche s’accompagne. D’où ce livre et les exercices de psychologie positive que vous proposez. Comment définiriez-vous cette méthode en quelques mots?
Elle repose sur un triptyque. Elle est une conviction : vivre est une chance. Une science : des études cliniques, la biologie, les neurosciences, valident les exercices qu’elle propose. Une pratique : si on veut progresser, il faut faire.
Ici, l’important est ce que je fais, pas ce que je sais. Il s’agit d’entraîner, quotidiennement, son esprit à activer les réseaux cérébraux qui agissent en mobilisant les émotions positives. Votre vie n’en devient pas aseptisée de toute souffrance pour autant, mais vous apprenez à y faire face. Et, cela participe à vous rendre heureux.
Certains exercices pourront sembler presque trop simples à certaines personnes. Mais l’unique question à se poser ici, est: «&nbs
p;est-ce que je les fais ? ». Quand on les pratique, on s’aperçoit que positiver conduit à de grandes et profondes remises en question de nos automatismes mentaux et de notre vision du monde. A une introspection qui demande d’accepter de se connecter à ce que l’on ressent pour favoriser un mouvement d’ouverture vers l’extérieur. Cela n’est pas toujours facile et suppose de faire beaucoup d’efforts, un certain courage et de la constance. Ce n’est ni simple, ni simpliste.
On va prendre trois exercices….
Commençons par celui qui concerne le sourire. Il m’a fallu du temps pour le faire vraiment et songer à sourire dans l’adversité avant de songer à pleurer. Mais, il m’a beaucoup aidé. Des études scientifiques montrent que sourire le plus souvent possible, dans les moments de joie mais aussi quand on est triste, améliore le bien être et la santé. Cela ne signifie pas que nous devions positiver ou sourire béatement tout le temps mais aussi souvent que possible. Sourire donne une grande force intérieure.
Le second se fait avant de s’endormir. Il s’agit de penser à trois bons moments qu’on a vécu dans la journée. Même quand elle a été dure et que l’on sait que demain sera difficile. C’est un acte d’hygiène qui développe notre capacité à extraire de nous, jour après jour, ce qui va bien, et qui nous apprend à inverser notre tendance naturelle qui est de ruminer les problèmes, quand on se couche. Je fais ce travail de rééquilibrage chaque soir. Cela me rend plus serein.
Le troisième est centré sur l’altruisme. Quand on est triste, donner un coup de main à quelqu’un, faire une bonne action, nous sort de notre enfermement. Cela fait un bien fou. Cet exercice est à faire aussi souvent que possible. Y compris quad tout va bien.
RETROUVEZ l’intégralité de cette rencontre avec Christophe André en cliquant sur le lien :
http://www.lyoncapitale.fr/Journal/France-monde/Culture/Livres/Etre-heureux-un-choix