Bonjour à tous,
Les rituels des différentes traditions spirituelles rappellent combien il est important, pour chacun d’entre nous, de prendre le temps d’arrêter volontairement notre course quotidienne pour se poser, réfléchir, méditer, analyser, les pensées et émotions qui nous poussent à agir, sans conscience.
Si nous sommes sincères, ces rituels sont des moments de vérité, de lucidité, de re-création de ce que nous sommes. Ils nous aident à nous transformer, à nous responsabiliser, à développer des qualités humaines comme la générosité, la tolérance, le respect, la bonté… Et à faire de nouveaux choix de vie et de comportements. Les moments de jeûne qui nous montrent combien nous sommes dépendants de nos estomacs et de nos esprits affamés, au risque parfois même de notre santé, sont de ceux-là. De même que les rituels consacrés au pardon, comme Yom Kippour, ce samedi 14 septembre. Aussi, peu importe, que l’on suive ou pas ces traditions. Elles sont, pour tous les êtres humains, le rappel à leurs consciences, de ce qui les anime, de ce qu’ils sont, des chemins de traverse qu’ils empruntent et dans lesquelles ils se fourvoient parfois. Elles disent l’importance de consacrer, chaque jour, un temps à des retrouvailles avec soi-même.
Prenons le dernier rituel, Yom Kippour, qui a rassemblé des millions d’êtres humains dans le monde. Au cours de ce jour de repentance, on pardonne aux autres et à soi-même, on demande pardon à dieu et à autrui, et on se réconcilie avec ceux avec qui nous sommes fâchés ou en froid. Les âmes des disparus sont également comprises dans la communauté de ceux auxquels on pardonne, ou à qui l’on demande pardon. Ce rituel qui inclus les vivants et les morts peut parler à tous, quelle que soit sa tradition, car il met en évidence les vertus inhérentes au pardon en nous faisant prendre conscience de nos émotions, de notre manière de penser et d’agir et de notre façon d’appréhender l’autre.
Je n’aborderai pas ici la question: peut-on tout pardonner ? Doit-on tout pardonner notamment quand la faute est crime organisé, comme dans le cas du génocide juif, tibétain, arménien ou de tant d’autres peuples? Chacun y répondra selon ses convictions. J’aborderai le pardon sous l’angle de nos vies de tous les jours car, pardonner à celui qui nous blesse ( famille, amis, collègues de travail) ou demander pardon, est un moyen de transformation intérieure essentiel.
Pardonner est un acte vital, qui libère de la souffrance ressentie et engrangée parfois depuis des années, et de celui qui est à son origine. On lâche prise. On passe à autre chose. On cesse de se poser en tant que victime. On ne ressasse plus le sentiment d’injustice éprouvé. On vit dans le présent.
Alors que quand on continue à en vouloir aux personnes qui nous ont fait du mal, nous restons en leur pouvoir. Elles ont prise sur nous. Elles dominent notre existence et induisent nombre de nos actes et réactions. Nous ne nous appartenons pas. Notre vie est sous influence. Sous LEUR influence. Nous restons morts à nous-mêmes, à l’espoir, à la félicité, à la sérénité.
Nous avons tous vécu des histoires que nous trouvons injustes, douloureuses, impardonnables, et nous en souffrons encore et encore. Tant que cela dure, c’est comme si nous étions toujours dominé et manipulé par celui qui s’est mal comporté envers nous. Si c’est votre cas, essayez d’être plus forts. Je sais, c’est difficile, car le pardon a à voir avec les « tripes », les émotions, la chair… Mais, essayez. Méditez, analysez les circonstances en prenant du recul et découvrez le lâcher-prise absolu qui s’opère quand on pardonne et que cesse toute identification avec ce pan du passé qui enferme dans une prison mentale et affective intérieure. Acceptez de ne pas avoir été reconnu, aimé, comme vous le souhaitiez. Acceptez que l’autre soit différent de vous, et qu’il se comporte autrement que ce que vous espériez profondément. Et, soyez enfin vous-même.
Pardonner est un acte héroïque et courageux. C’est s’accepter et accepter l’être humain dans sa vulnérabilité et dans tous ses aspects positifs et négatifs. C’est être capable d’amour. C’est oublier son égo, et ses besoins de revanche. C’est dissoudre toute tension intérieure dans la fraîcheur retrouvée du « maintenant ».
Pour les bouddhistes, pardonner est en lien avec le sens des responsabilités, avec la notion de karma, la loi de causes à effets, et avec la loi dite d’interdépendance des êtres et des phénomènes. Il n’est pas question d’absoudre l’autre, qui est t’on pour cela, mais de libérer son esprit de tout attachement et de tout sentiment de victimisation vis-à-vis de celui qui a engendré la douleur de la souffrance. Bref, d’être libre de ses choix.