« Au moment du nouvel an juif, Roch Hachana, Dieu ouvre le Livre de la Vie et de la Mort pour y inscrire les actes accomplis par chaque homme au cours de l’annéepassée. Dix jours après, à la fin de Yom Kippour, le Grand Pardon, après avoir entendu les croyants prier et regretter d’avoir causé des maux à autrui, Dieu referme l’ouvrage sacré, scellant ainsi leur destin pour les 365 jours à venir. Avant que Yom Kippour ne s’achève et que les actes et choix de chaque âme ne soient consignés dans le Grand livre de Dieu, et avant de vous engager à ne plus pêcher, vous devez absoudre ceux qui vous ont fait souffrir et demander à Dieu et aux hommes que vous avez blessés, de vous pardonner. Pour symboliser cette démarche et favoriser une repentance totale, les fidèles portaient autrefois à la synagogue un linceul blanc semblable à celui dont on habille lesdéfunts au cours de leur dernière toilette. Ainsi vêtus, ils s’imaginaient devant le trône céleste, demandant pardon à Dieux et à leurs frères et sœurs pour les souffrances dont ils étaient responsables. »*
Les fêtes religieuses marquantes, quelle que soit la tradition concernée, sont pour moi un appel au recueillement, à la méditation et à la réflexion. Le Grand Pardon, célébré hier par la communauté juive est de celles-là. Au-delà de la forme, cette journée rappelle l’importance d’adopter, chaque jour, une disposition d’Esprit ouverte, tolérante, généreuse et compréhensive pour tout ce qui concerne les relations aux autres et avec soi-même. Ne devrions nous pas, en effet, dès que tout sentiment négatif pointe, réfléchir à ce que cela bouleverse et transforme en nous ? A ce que cela dit de nos blessures et de nos petitesses? Ne devrions nous pas, également, prendre le temps, de nous remettre en question en faisant notamment le bilan de nos actes, pensées et émotions ? Ne devrions nous pas, aussi, nous efforcer de garder en nous la saveur de chaque instant de bonheur, aussi modeste et simple soit-il, afin qu’il nous nourrisse quand la lassitude et le doute nous emporteent loin de notre paix intérieure. Oui, Il me semble que nous devrions procéder ainsi, le plus souvent possible, car ne pas le faire nous expose à des blessures que nous, seuls, nous infligeons.
Une journée d’introspection dédiée au pardon est une journée de grâce et de plénitude. En prenant conscience des conséquences de nos actes et de nos pensées, nous nous responsabilisons et nous comprenons mieux le lien d’interdépendance qui nous relie aux autres et à la vie. C’est donc une victoire sur la mort de l’esprit.
Toute étincelle de colère, de ressentiment, de rancune, d’animosité qui nous fait réagir, sans conscience, témoigne d’une vision égocentrique et parcellaire de nous même et de la réalité. Se laisser manipuler et diriger par ces élans émotionnels, c’est accepter de se perdre, de se maltraiter. Nous sommes responsables de ce processus, de nos émotions et de nos souffrances. Nous et pas l’autre. Nous avons le pouvoir de les transformer en déployant la lumière de la conscience sur notre monde intérieur.
Alors, posons nous, observons et transformons toute réflexion, perception et sensation en lumière…
*« Petit traité sur la mort pour croquer la vie avec bonheur » Catherine Barry. Préface Fabrice MIDAL
Editions Presses de la Renaissance (en librairie le 24 octobre)