L’essayiste, romancier, René Guitton, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels « Ces chrétiens qu’on assassine » ou encore « le Dictionnaire amoureux de l’Orient », est décédé en mai dernier de la Covid. Il nous laisse un ouvrage magnifique d’humanité, « Paolo, la présence de l’absent », qui vient de paraître aux Éditions Desclée de Brouwer. Impliqué depuis toujours dans le dialogue des religions et la défense des droits de l’homme, René Guitton y rend hommage à son grand ami, le prêtre jésuite italien Paolo Dall’Oglio, né le 17 novembre 1954 à Rome. Très engagé dans le dialogue islamo-chrétien, le père Paolo a réhabilité dans les années 1980 le monastère catholique de Mar Mûsa (monastère de Saint Moïse l’Abyssin), dans le désert au nord de Damas, en Syrie, pour en faire un haut lieu d’hospitalité, de fraternité et de dialogue. Dénonçant ouvertement les crimes commis par le régime de Bachar el-Assad, et plaidant pour une Syrie libre dans le contexte de la Guerre civile syrienne, il est expulsé de son pays d’adoption en 2012. Il y retourne clandestinement, un an après. En juillet 2013, il est enlevé à Rakka dans des circonstances troubles. Le mystère autour de sa disparition reste entier.
Dans ce livre poignant, dont les droits d’auteurs seront reversés à l’association internationale cofondée en 2013 par le père Paolo, Relief & Reconciliation for Syria, https://www.reliefandreconciliation.org, René Guitton rend également hommage à celles et ceux qui poursuivent le travail de réconciliation, de dialogue des cultures et des religions, et de solidarité spirituelle engagé par le Père Paolo. Un devoir de mémoire et de fraternité indispensable, à notre époque de si grands bouleversements et conflits.
Pour découvrir le Père Paolo, je vous recommande également cette formidable émission de l’historien, écrivain, journaliste Patrick Girard, ami des deux disparus, sur RCF :
Pour conclure, laissons la parole à René Guitton :
« Rien ne dit que tu n’es plus. À croire ou ne pas croire, je préfère faire le pari que tu es, tel que tu étais, souleveur de montagne et montagne toi-même, immense, bâti en gladiateur ».
