Depuis presque cinquante ans et son 1er grand roman, Les Solariens, publié en 1966, dans chacun de ses livres, Jack Barron et l’éternité, Le Printemps russe, Oussama, Norman Spinrad,l’un des plus grands auteurs de science-fiction actuel, pose un regard décapant sur notre époque pour nous alerter sur les dangers de nos sociétés de consommation. Ce qu’il réussi à faire souvent bien mieux que beaucoup d’essais. La fiction lui permet en effet une liberté de ton et d’imagination grâce auxquelles il pointe avec une habilité redoutable les dysfonctionnements des systèmes politiques et économiques en place, et les manipulations qu’ils sous-tendent. Des effets qu’il transpose dans un futur proche, histoire de les exacerber et nous inciter à réfléchir sans attendre aux grands défis éthiques et philosophiques de notre temps. De passage à Paris où il a vécu plusieurs années après avoir quitté l’Amérique des années Reagan, il nous parle de son dernier roman, Le Temps du Rêve (Fayard), dans lequel, il met en perspective les dangers d’une société où nos subconscients seraient, comme le reste, placés sous contrôle. Un livre captivant qui commence comme un jeu vidéo, se transforme en un happening artistique mêlant rêveries débridées, technologie, politique et économie, et qui réussit une nouvelle fois son pari : bousculer nos consciences et nos certitudes.
Commençons par résumer le scénario du livre…
Le Temps du Rêve parle d’une société où rêver est devenu un bien de consommation comme un autre. Moyennant quelques dollars, chaque citoyen peut utiliser le Dreammaster, la machine à fabriquer des rêves, pour vivre l’existence fabuleuse à laquelle il aspire depuis toujours. Une aventure dont il est le héros, aux côtés de stars, de personnages célèbres, de sages, d’animaux réels ou mythiques, qu’il a toujours voulu côtoyer. La tentation de céder à ses fantasmes est donc d’autant plus grande que le processus pour les réaliser est simple. Il suffit de sélectionner un scénario et de se laisser glisser dans le sommeil pour que le voyagecommence. Mais, ces apparences agréables, cachent une réalité bien différente. Une mise sous contrôle complète des individus par les producteurs de rêves. La plupart de ceux qui utilisent la machine, se comportent en effet, très vite, comme de véritables drogués. Accros à la possibilité de changer d’identités, le monde réel leur échappe. Aliénés car dépendants des sensations éprouvées, ils ne savent plus et ne peuvent plus, vivre leurs quotidiens. Heureusement, certains parviennent à échapper au système. Leur conscience lutte contre les idées vérolées. Des programmes pirates, et une partie de leurs désirs qui s’expriment malgré eux, s’infiltrent dans les failles de la matrice, bousculant leurs rêveries Hollywoodiennes, et générant un chaos et des cauchemars qui les libèreront de l’emprise de la machine.
Il y a plusieurs niveaux de lecture dans ce livre. Le premier, évident et ludique, enchaîne différentes histoires, très hollywoodiennes. Le second parle de politique, d’économie, et décrit la façon dont les producteurs des Majors Compagnies fabriquent du contenu qui influence nos consciences. Dans cette partie, je mets en avant le fait que nos consciences sont les dépositaires d’une quantité phénoménale d’images, de concepts, inculqués depuis l’enfance et qu’ils nous enferment dans des schémas de conduite et de penséesstéréotypées.Ce qui pose la question : « qui suis-je, derrière toutes ces constructions mentales » ? Le lecteur, qui est le véritable héro du livre, tente d’y répondre tout au long de l’ouvrage.
Quel est le principal message du livre ?
Aujourd’hui, qui contrôle le son et l’image sur un plan économique et politique, contrôle les consciences. Les producteurs et les responsables des médias notamment ont une grande responsabilité vis-à-vis de leur public. Le temps du Rêve parle d’un nouveau continent, la conscience de l’individu, qui est devenu le lieu d’une lutte économique, politique, spirituelle. Les combats du réel se sont déplacés symboliquement dans ce nouvel espace de réalité, dans ce cyber espace. La technologie est neutre en elle-même. Tout dépend de ce que nous en faisons, chacun à notre niveau, et de la manière dont le pouvoir l’utilise. Comme en Chine par exemple où le gouvernement contrôle internet et les médias. J’utilise la fiction, pour attirer l’attention sur tout ce qui participe à réduire la liberté de conscience de l’homme. Je le fais en transposant la réalité actuelle dans un futur proche, et en prenant appui sur le réel pour que cela ait plus d’impact sur le lecteur, et qu’il comprenne ce qui se joue vraiment. Je l’aide à prendre conscience de la manière dont le monde et la société évoluent. Je lui donne des éléments pour nourrir sa réflexion. Je lui propose des issues autres, que celles vers lesquelles on tend. Ma démarche est positive et constructive. Je ne suis pas là pour donner des leçons, Et, si parfois quelques années après la parution de certains de mes romans, la réalité rejoint la fiction, c’est parce que je m’inspire de ce qui est dans le moment.
Ne pas être attentifs à ce que nous vivons, ressemble à des petites morts de la conscience, quelle est votre relation à la mort ?
J’ai eu un cancer, très sérieux, il y a deux ans. Tout va bien maintenant mais cela m’a fait comprendre que s’inquiéter pour le futur n’a pas de sens. On ne sait pas quand nous allons mourir. Dans 5 minutes ? Dans quelques jours ? Ce qui est important, est d’avoir conscience que nous sommes mortels et de vivre en fonction de cela. Jacqueline Kennedy a dit un jour : « peu importe qui tu es, peu importe la culture qui est la tienne, nous avons tous les mêmes émotions. Nous pouvons en avoir une perception plus ou moins élaborée mais finalement, elles restent les mêmes pour tout le monde. ». Cette phrase m’inspire. Elle me permet de relativiser et de rester humble quelque soit le succès rencontré. Trop d’artistes pensent avoir quelque chose de spécial. Pour m’éviter cela, et vivre pleinement chaque instant, j’ai affiché une phrase sur mon mur : « je suis un artiste, je ne devrais pas avoir besoin d’aller aux toilettes ». La réalité est autre bien sûr. Cela permet d’aller à l’essentiel.
Etes-vous croyant ?
Je crois en la transcendance de la conscience. J’ai beaucoup appris sur elle grâce à mes rêves. Pour moi, la seule question à se poser, et à laquelle ni la science, ni la religion ne répondent est: pourquoi il existe quelque chose plutôt que rien ? Dans le même ordre d’idées, un poète aztèque a dit en substance : peut-être que les représentations des dieux sont des choses que l’on ne connait pas et que l’on ne pourra jamais connaitre. Je suis d’accord avec lui. Aussi, désormais, je ne cherche plus de réponse à ma question. Je vis le moment.
Votre définition du bonheur ?
Le bonheur est de se donner les moyens d’être libre de réaliser ce que l’on a envie de faire.
Quelques clés pour être heureux,
1-Connaitre l’amour et vivre avec son véritable amour.
2-Avoir un boulot, épanouissant pour soi et positif pour les autres.
3-Partager.
4-Vivre en conscience.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien sur lepoint.fr
1 réflexion sur “Norman Spinrad: comment manipuler les consciences grâce aux rêves”
Anonymous
les solariens est un livre trés sympathique et trés dans son époque: nous avons d’un côté le militaire conformiste sur sa planète de métal obsédé par son devoir qui agit plus comme une fonction que comme un individu, et de l’autre les solariens des genres de néo-baba-cools qui ont travaillé leur individualité qui adoptent ton tout à fait désinvolte face à l’autorité et ont des moeurs plutôt libres. Leur extrême confiance en eux leur permet de transcender les lois de la logiques comptables et finalement de gagner la guerre, (c’est peut-être après tout par illogisme que l’homme à fait tant de grandes choses et qu’il est ce qu’il est). L’obsession de la logique comptable productiviste et inhumaine conduit les hommes à la même stratégie que celle des doglari (nos énenemis mortels). Et finalement mène les hommes à leur pertes. (si ça ce n’est pas une reflexion sociale actuelle). Au final les solariens ne vaincront pas par la force mais par l’esprit et le sacrifice qu’ils sont prêt à faire, c’est typiquement l’image de « la lutte à mort hégélienne » (est vainqueur celui qui peut se mettre en péril mortel). Nous sommes aussi dans une logique taoiste dans laquelle ce qui est souple vient à bout de ce qui fort… Moi aussi, ce matin, je fais dans le cosmico-baba cool… Il est pertinant de noter qu’à l’heure des drones, l’ensemble des combats sont gérés par des ordinateurs. Du point de vue l’action on ne s’ennuie pas dans ce court roman qui se relie avec beaucoup de plaisir.
les solariens est un livre trés sympathique et trés dans son époque: nous avons d’un côté le militaire conformiste sur sa planète de métal obsédé par son devoir qui agit plus comme une fonction que comme un individu, et de l’autre les solariens des genres de néo-baba-cools qui ont travaillé leur individualité qui adoptent ton tout à fait désinvolte face à l’autorité et ont des moeurs plutôt libres. Leur extrême confiance en eux leur permet de transcender les lois de la logiques comptables et finalement de gagner la guerre, (c’est peut-être après tout par illogisme que l’homme à fait tant de grandes choses et qu’il est ce qu’il est).
L’obsession de la logique comptable productiviste et inhumaine conduit les hommes à la même stratégie que celle des doglari (nos énenemis mortels). Et finalement mène les hommes à leur pertes. (si ça ce n’est pas une reflexion sociale actuelle).
Au final les solariens ne vaincront pas par la force mais par l’esprit et le sacrifice qu’ils sont prêt à faire, c’est typiquement l’image de « la lutte à mort hégélienne » (est vainqueur celui qui peut se mettre en péril mortel). Nous sommes aussi dans une logique taoiste dans laquelle ce qui est souple vient à bout de ce qui fort… Moi aussi, ce matin, je fais dans le cosmico-baba cool…
Il est pertinant de noter qu’à l’heure des drones, l’ensemble des combats sont gérés par des ordinateurs.
Du point de vue l’action on ne s’ennuie pas dans ce court roman qui se relie avec beaucoup de plaisir.
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