Puissance de l’évocation de l’auteur : on rentre d’emblée dans ce livre, comme si c’était un morceau de notre vie. Et, cela l’est sans doute un peu aussi. Qui n’a pas connu en effet, un jour, cette tristesse infinie, sourde et persistante, ce désespoir absolu, face au non-sens que revêt parfois l’existence? Qui ne s’est pas trouvé, un jour, devant cette épreuve, trouver, ne serait-ce qu’un instant, que le chagrin d’être en vie, est trop difficile à supporter, trop éreintant, pour avoir le courage de continuer ? Mais, contrairement à la poétesse Sylvia Plath dont il est question ici, nous sommes remontés, quand nous avons touché le fond! Les liens que nous avons avec nos proches, aident en général à passer ces caps douloureux et à ne pas renoncer.
Mais, ce qui est vrai pour la plupart d’entre nous, ne l’est pas toujours dans la maladie bipolaire. Car, c’est aussi de cette maladie dont il est question dans ce livre qui raconte, de manière romancée, la dernière nuit de la grande poétesse, Sylvia Plath, qui mis fin à ses jours le 11 février 1963, à l’âge de trente ans. Jeune, belle, plutôt fortunée, talentueuse, deux enfants, une famille jugée idéale, malgré un mari, Ted Hughes, beau et célèbre mais volage, elle semblait avoir tout pour être heureuse. Mais, ce n’était pas le cas.
La force de ce livre est de nous faire partager, et éprouver, pas à pas, les étapes qui conduisirent la poétesse à prendre cette décision irrévocable: mettre un terme à sa vie. Sans haine, sans ressentiment, sans regret. Pour ne pas risquer d’abîmer d’avantage encore ses enfants. A cause de son incapacité à vivre du fait de la pathologie dont elle souffrait, la maladie maniaco-dépressive ou trouble bipolaire, méconnue et mal soignée à l’époque.
L’écriture d’Oriane Jeancourt Galignani, dense, puissante vivante, imagée, nous amène à vivre au plus près des émotions et des pensées de Sylvia Plath. Ses blessures jamais cicatrisées ni acceptées ; le vide affectif abyssal qui est le sien ; sa peur de l’abandon ; son manque de racines, de repères ; sa soif d’absolu que rien bien sûr, ni son époux, ni la maternité, ni l’écriture malgré une force créatrice hors du commun, ne pourront jamais combler…. Et, sans l’approuver, on saisit le cheminement qui génère ce geste ultime.
De plus, l’approche empathique de l’auteur, en conduisant le lecteur, à appréhender et à accepter les fragilités de Sylvia Plath, l’amène à faire un réel travail d’ouverture à l’autre. Et, à poser un autre regard, plus tendre, plus compatissant, sur ses propres contradictions, faiblesses et zones de fractures.
Alors, oui, lisez ce livre, pour la puissance du récit, et, pour apprendre à ne plus juger, et à accepter l’autre dans l’entièreté de ce qu’il est, même si vous ne le comprenez paS
Alors, oui, lisez ce livre, pour la puissance du récit, et, pour apprendre à ne plus juger, et à accepter l’autre dans l’entièreté de ce qu’il est, même si vous ne le comprenez paS
L’auteur : Oriane Jeancourt Galignani est critique littéraire. Elle travaille depuis six ans pour le magazine Transfuge. Elle représente le magazine à la télévision dans La Matinale de Canal + et en radio sur RCJ. « Mourir est un art, comme tout le reste » est son premier roman.
Sylvia Plath poétesse américaine des années 60. Un roman autobiographique : La Cloche de détresse, devenu un livre culte.
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