Bonjour
La vie fait toujours des cadeaux si on y regarde bien…
il faut l’aimer, aimer, et remercier pour tout ce qu’elle offre….
C’est d’une certaine manière, le message, très résumé d’Albert Mathieu, l’un des fondateurs de Canal+….
pour mieux le découvrir, je vous propose ce résumé de notre rencontre….
Sachant qu’Albert Mathieu avait été l’un des quatre fondateurs de Canal +, je m’attendais en parcourant son autobiographie « Champion du monde de billes à Saint-Ouen »* à découvrir la trajectoire plus ou moins passionnante d’un gagnant, mais pas à être cueillie et enthousiasmée par son récit, comme ce fut le cas. Mon grand-père, qui était sage, aurait dit de cet ouvrage avec un infini respect dans la voix: « c’est le parcours d’un honnête homme ; un exemple à suivre ». Les valeurs qu’Albert Mathieu incarne avec tant d’exigence, valeurs souvent occultées voire ignorées à notre époque si individualiste, devraient en effet être enseignées dans des manuels d’instructions civiques scolaires. A un moment de notre histoire qui voit se renforcer certains communautarismes et inégalités, la force des anecdotes confiées rappellent, sans jamais donner de leçon, que chacun à notre niveau, nous pouvons nous mobiliser pour retrouver le sens de la fraternité citoyenne. Les exemples donnés, pragmatiques, quotidiens, dévoilent aussi comment nos choix et le regard que l’on pose sur les choses déterminent nos trajectoires personnelles et montrent qu’il est possible de trouver sa place dans ce monde, tout en demeurant cohérent, responsable, digne, humble et bon, quoique la vie nous propose. Ce livre dont chaque chapitre redonne foi et espoir dans le genre humain se dévore comme un roman.
Une grande partie de votre vie professionnelle, s’est déroulée dans le monde des médias, un univers d’egos souvent en surchauffe et un lieu de pouvoir…. Mais, quelques soient les difficultés, vous êtes resté fidèle à votre éthique, à vos valeurs …
Etre cohérent avec mes valeurs, ne pas les trahir, a toujours été pour moi essentiel, non négociable. Ma famille a participé à construire ma manière d’aborder l’existence, mes rencontres également. Celle avec Michel Abehsera fut en cela déterminante. Très vite, il est devenu un ami. Je l’admirais. L’admiration est pour moi une énergie particulière de l’intelligence qui féconde l’existence. Cela m’a donné des ailes pour avancer en confiance, apprendre, me remettre en question, comprendre que j’étais dépositaire et responsable de mes erreurs. Ainsi grâce notamment à Michel J’ai compris que je ne devais jamais perdre de vue ce que je voulais, que c’était à moi de trouver mes propres clés pour décrypter ce qui m’arrivait, qu’il était préférable de s’amuser de ce que l’on ne pouvait changer, que la sincérité était plus importante que la franchise, que l’impatience empêchait de s’occuper de ce qui était indispensable dans le moment…. et surtout, que la vie étant mouvement, tout pouvait changer à chaque instant. En expérimentant au quotidien ces réalités mon esprit lest devenu plus souple et capable de faire face au mental, aux émotions, aux situations.
A mon retour de la guerre d’Algérie, Michel me fit un autre cadeau en m’expliquant que l’esprit et le corps sont en liens constants, permanents, dépendants l’un de l’autre ; que nous devenons ce que nous mangeons ; et en me conseillant de manger macrobiotique afin de donner à mon être ce qui lui convenait le mieux, à moindre coût. Fauché, je suivi donc son conseil et adoptais sa devise : se nourrir bien pour être bien. Au bout de quelques mois, je n’étais plus inquiet, stressé, fatigué. Je commençais à me poser les bonnes questions ; à prendre la mesure de ce dont j’avais vraiment besoin ; à ne plus courir après des ersatz du bonheur. Je découvrais, par moi-même, que je pouvais construire ma vie sereinement, dans la bonne-humeur, que tout dépendait de moi. Cette approche a transformé profondément ma relation à moi-même et aux autres. Cela fait maintenant 50 ans que je respecte sans dogmatisme les grands principes de la macrobiotique, ma vitalité, mon énergie, ma bonne santé témoignent de leurs pertinences. Je ne consulte jamais de médecin.
Revenons à vos valeurs… elles vous viennent notamment de votre mère…
Ma mère ne savait ni lire ni écrire mais elle possédait le plus beau des trésors, l’intelligence du cœur. A l’époque, dans notre quartier de HLM de la porte de St Ouen, nos mamans étaient des héroïnes sans le savoir. C’était un exploit pour elles de nous nourrir.
Ma mère m’a appris l’importance des liens, de la gratitude, du partage, du respect, de l’amour, à faire preuve de bon sens, à ne tricher ni avec moi-même ni avec autrui…. Et, à dire merci. Pour elle, savoir dire merci, c’était savoir regarder les autres.
Réaliser ce que l’on doit aux bâtisseurs de nos existences est une félicité qui ne s’éteint jamais. Eprouver de la gratitude pour eux, change une vie. En écrivant ce livre, je voulais leur rendre hommage et les remercier d’avoir participé à tailler la pierre brute que j’étais au départ. Ce livre aurait du s’appeler: « je voulais vous dire merci » mais l’éditeur ne l’a pas souhaité.
L’amour est au centre de votre vie…
Chaque être est un mystère, une espérance, la possibilité d’aimer, de partager, de grandir…. Nous le découvrons lorsque nous devenons libres de toutes rancœurs. L’existence nous apprend à regarder pour voir, écouter, et oser apprécier la complexité humaine comme sa fragilité. Notre compréhension de la vie, de ce que nous sommes, de l’autre, s’aiguise au fur et à mesure des rencontres que nous faisons. Sans l’amour, sans l’amitié, personne ne choisirait de vivre. Nous ne pouvons pas être heureux tout seul. Il faut donc concilier le souci de l’autre, et de soi. Cela passe par accepter, afin de les transformer, sa vulnérabilité, ses angoisses, ses souffrances. Cette discipline intérieure donne accès à la joie d’être et d’aimer : c’est la vraie VIE, la source de tout bien-être et de toute énergie créatrice.
Je ne suis ni moine ni sage, juste une vitalité comprise et canalisée, ce qui me permet de contrôler mon mental, qui comme celui de tout un chacun, est une véritable caverne d’Ali Baba. Au cours des années, le môme de St Ouen que j’étais à compris que pour aimer bien, il fallait-être légé de soi-même. C’est grâce à cela que je peux avancer sans être envahi par la fatigue inutile des vagabondages de la modernité. …..
En conclusion, vous dites ne pas croire en dieu mais croire de plus en plus en la nature humaine….
Je sais maintenant que l’existence est un cadeau. Pour en placer avec discernement les couleurs, j’ai appris à conserver intacte la vitalité de mon corps et la souplesse de mon esprit. Les règles que j’ai suivies pour y parvenir, sont simples. Respirer profondément quand je rencontre des situations difficiles. Marcher: en marchant j’oublie tout, je ne suis personne, juste un corps qui n’a pas d’histoire, un courant de vie immémorial ; où que je sois, je marche chaque jour au moins 1 heure. Avoir un sommeil réparateur : cela fait « chanter » la vie. Méditer, être généreux et déployer une bonne humeur constante, pour prendre du recul et transformer le quotidien en « paradis ».
Tout cela ainsi que les épreuves, mes engagements, les responsabilités qui m’incombèrent, et les cœurs qui s’ajoutèrent au mien, m’ont construit en m’ancrant sans peur dans l’existence. Convaincu depuis longtemps que MON PAYS C’EST LA VIE, je sais désormais l’importance de prendre le temps de regarder calmement, profondément, ma copine la terre et d’aimer les êtres qui m’accompagnent.
*Editions du Cherche-midi
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Merci infiniment Catherine pour ce partage!
N’oublions jamais nos valeurs, ni la gratitude, ni la louange qui l’accompagne. Pour ma part, elle me vient naturellement par la contemplation de la beauté autour de moi et par tous ces signes et coïncidences qui me parlent de l’Invisible, lequel nous soutient au quotidien sur nos chemins de vie.
Il y a ainsi de précieuses rencontres qui d’un coup donnent sens à nos vies et à certains moment nous font percevoir à quel point tout est UN, nous sommes inter-dépendants donc solidaires même si chacun en ce monde a à jouer sa note juste et unique dans la symphonie du monde.
Bien amicales pensées Catherine et merci!
Dominique