Dalai Lama : suite de la visite en Suisse Avril 2013: comment vieillir sereinement?

                        

Il ne peut-être question de synthétiser les grands moments de la visite du Dalai Lama en Suisse en avril dernier. On ne résume pas la pensée, les enseignements du Dalai Lama. C’est  pourquoi je vous en propose quelques morceaux choisis proposés par l’université de Lausanne afin de vous donner envie d’aller écouter sa parole sur Youtube par exemple où l’on trouve retransmis notamment la rencontre entre sa Sainteté et des scientifiques sur le vieillissement et la fin de vie. Et, contrairement, à l’approche souvent négative qui est faite, en occident, de la vieillesse, dont le Général De Gaulle parlait en termes de naufrage, l’un des aspects de ce dialogue porta sur les aspects positifs de cette étape de la vie. Une révolution de la pensée, bienfaisante !
Le débat faisait intervenir des étudiants, et des spécialistes de tous les domaines scientifiques : de la psychologie à l’anthropologie, en passant par la médecine, la sociologie, l’histoire ou la neuropsychologie. 

Visite du Dalaï-Lama à l’UNIL: texte à retrouver en intégralité sur www.unil.ch.
Le dalaï-lama a rencontré les scientifiques de l’UNIL autour du thème vieillir et mourir en paix. Il a transmis un message de compassion et d’ouverture à l’autre, insistant sur l’importance d’une éducation séculière éthique dès le plus jeune âge, et disant également son scepticisme des rituels.
Un esprit aiguisé
Philippe Moreillon, vice-recteur et médiateur de la rencontre, engage la discussion sur la question de la vieillesse. Est-ce une bonne chose de vieillir ? « Cela dépend de la vie qu’on mène et du sens qu’on peut lui donner, commence Tenzin Gyatso, nom de réincarnation du 14e chef spirituel du Tibet. Tout au long de la journée, il n’aura de cesse de rappeler qu’il faut s’entraîner depuis son plus jeune âge et tout au long de sa vie à utiliser ses sens en faisant des expériences, mais surtout à travailler au niveau mental en acquérant un savoir et en gardant son esprit aiguisé. « Analyser par soi-même », un message qui résonne comme un mantra dans une université. Une bonne maîtrise de son esprit qui permet aussi de garder son corps en forme. Mais tout le monde vieillit, c’est inévitable. « Même si on est confronté à des pertes physiques, qu’on entend moins bien ou qu’on voit moins bien, il faut accepter la réalité et ne pas s’attacher au matériel. J’ai la chance d’avoir déjà vécu assez longtemps pour avoir une certaine expérience de ces questions », affirme-t-il en riant.
Le débat se poursuit, allant de la manière de vieillir serein et bien entouré à la question des démences telles Alzheimer, en passant par la question de l’isolement des personnes âgées. Des situations complexes qui demandent le plus souvent d’être réglées au cas par cas, selon le dalaï-lama, qui insiste toujours sur un travail d’introspection à faire sur soi-même, ainsi que par l’exercice de la compassion envers l’autre. « On ne peut pas tout résoudre par l’argent et la technologie. Et ce n’est pas en priant dieu – je pense qu’il a déjà assez à faire – que l’on peut régler ce genre de choses », confie-t-il de son air malicieux. Il s’agit de prendre le temps de penser. S’il n’a évidemment pas réponse à tout, le moine tibétain de 77 ans l’affirme clairement, mêlant souvent alors l’anglais à quelques mots de Tibétains, traduits par son fidèle accompagnateur Matthieu Ricard. Il insiste sur le fait que la spiritualité n’est pas forcément basée sur une croyance religieuse, promouvant ainsi un discours qui se veut universel. Elle repose sur des valeurs séculières qui en font un sujet qui concerne tout un chacun. Des principes moraux dont le système éducatif n’est aujourd’hui plus assez porteur, selon sa Sainteté.
Accueillir la mort
Après avoir mis à profit la pause de midi pour réfléchir au soleil, les discussions prennent de la profondeur en abordant la question de la mort.
Il faut s’y préparer, surtout lorsque celle-ci survient à l’hôpital (26’000 personnes y sont décédées en 2012). Au travers de la visualisation ou de la méditation, on peut s’exercer à comprendre sa dissolution et l’impermanence de la nature. « Au moment où la mort arrivera, au mieux on pourra alors l’accueillir en amie et sans peur et au pire sans regrets ». Le dalaï-lama a aussi rappelé que l’euthanasie peut être acceptable lorsqu’il s’agit d’aider une personne qui n’a plus aucun espoir de vie. Mais qu’il est essentiel de contrebalancer les bénéfices sur le long et le court terme. Des questions éthiques qui doivent toujours être contextualisées.
La question des rituels a animé le débat de plus belle en fin d’après-midi. Une invention culturelle envers laquelle le dalaï-lama a exprimé son scepticisme. Le chef spirituel tibétain a également décrit longuement des cas de moines bouddhistes décédés, dont le corps se conservait pendant quelques jours sans se décomposer et a incité les chercheurs à investiguer ce terrain neurobiologique. Des recherches qu’il a aussi encouragé les étudiants à poursuivre dans le futur.
En conclusion, Sa Sainteté le dalaï-lama a tenu à dire que la fin de la rencontre ne signifiait pas une conclusion et qu’il était important que ce genre de débat mêlant sciences et spiritualité continue. Un voeu qui devrait se réaliser à l’UNIL par l’instauration d’un centre de recherche interdisciplinaire sur la vieillesse et la mort.

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